Directeur De Google:
Des Robots Cérébraux Pour Transformer Les Humains En Cyborgs "Divins" !
1er Octobre 2015
Le futuriste et inventeur Ray Kurzweil prédit que les humains vont développer des émotions et des caractéristiques d'une plus grande complexité en connectant leur cerveau aux ordinateurs.
"Nous allons être plus drôles. Nous allons être plus sexy. Nous allons être meilleurs pour exprimer un sentiment d'amour," a déclaré Kurzweil lors d'une récente discussion à la Singularity University ("Université Singulière"). Il est impliqué dans le développement de l'intelligence artificielle en tant que directeur de l'ingénierie chez Google, mais ne parlait pas au nom de l'entreprise.
Kurzweil prédit que dans les années 2030, les cerveaux humains pourront se connecter aux cloud, nous permettant d'envoyer des e-mails et des photos directement au cerveau et de sauvegarder nos pensées et nos souvenirs. Cela sera possible, dit-il, via des nanobots - de minuscules robots à partir de brins d'ADN - nageant dans les capillaires de notre cerveau. Il voit l'extension de notre cerveau à une pensée principalement non biologique comme la prochaine étape de l'évolution des humains - tout comme l'apprentissage de l'utilisation d'outils l'était pour nos ancêtres.
Et cette extension, dit-il, améliorera non seulement notre intelligence logique mais aussi notre intelligence émotionnelle. "Nous allons ajouter plus de niveaux à la hiérarchie des modules cérébraux et créer des niveaux d'expression plus profonds", a-t-il déclaré. Pour le démontrer, il a donné un scénario hypothétique avec le co-fondateur de Google, Larry Page.
Video de Ray Kurzweil :
* "Alors je marche, et je vois Larry Page arriver, et je pense:" Je ferais mieux de penser à quelque chose d'intelligent à dire. "Mais mes 300 millions de modules dans mon néocortex ne suffiront pas. J'ai besoin d'un milliard en deux secondes. Je pourrai y accéder dans le cloud, tout comme je peux multiplier par des milliers l'intelligence avec mon smartphone aujourd'hui."
En plus de nous rendre plus intelligents dans les couloirs, connecter nos cerveaux à Internet rendra également chacun de nous plus unique, a-t-il déclaré.
* "En ce moment, nous avons tous une pensée faite d'une architecture très similaire," a déclaré Kurzweil. "Lorsque nous pouvons l'étendre sans les limites d'une enceinte fixe" - il a pointé sa tête - "nous pouvons en fait devenir plus différents."
"Les gens pourront explorer très profondément un type de musique particulier à un degré bien plus élevé que nous ne le pouvons aujourd'hui. Cela conduira à une bien plus grande individualité, pas moins."
Ce point de vue contraste fortement avec une perception commune, souvent décrite dans la science-fiction, selon laquelle les technologies cyborg nous rendent plus robotiques, moins émotifs et moins humains. Cette inquiétude est exprimée par le Dr Miguel Nicolelis, responsable de la neuro-ingénierie à l'Université Duke, qui craint que si nous comptons trop sur les machines, nous perdions la diversité du comportement humain car les ordinateurs fonctionnent en noir et blanc - des uns et des zéros - sans détournement.
Nous allons élargir le néocortex du cerveau et devenir plus divins.
Mais Kurzweil pense qu'être connecté à des ordinateurs nous rendra plus humains, plus uniques et même divins.
"L'évolution crée des structures et des modèles qui, au fil du temps, sont plus compliqués, plus instruits, plus créatifs, plus capables d'exprimer des sentiments plus élevés, comme aimer", a-t-il déclaré. "Cela va dans le sens des qualités que Dieu est décrit comme ayant sans limite."
"A mesure que nous évoluons, nous nous rapprochons de Dieu. L'évolution est un processus spirituel. Il y a de la beauté, de l'amour, de la créativité et de l'intelligence dans le monde - tout vient du néocortex. Nous allons donc étendre le néocortex du cerveau et devenir plus divins."
Mais les nanorobots cérébraux vont-ils réellement sortir de la
science-fiction et entrer dans la réalité, ou sont-ils voués au sort de voitures
volantes ? Comme Kurzweil, Nicholas Negroponte, fondateur du MIT Media Lab,
pense que les nanobots dans nos cerveaux pourraient être l'avenir de
l'apprentissage, nous permettant, par exemple, de charger la langue française
dans la circulation sanguine de nos cerveaux. James Friend, professeur de génie
mécanique à l'UC San Diego spécialisé dans les nanotechnologies médicales, pense
qu'il ne nous reste que deux à cinq ans pour pouvoir utiliser efficacement les
nanorobots cérébraux, par exemple pour prévenir les crises d'épilepsie.
Cependant, obtenir l'approbation de la Food and Drug Administration des
États-Unis ("Administration de l'Alimentation et des Médicaments") serait
probablement très difficile, a déclaré Friend au WorldPost. Il pense que
l'approbation prendrait "de quelques années seulement jusqu'à ne jamais se
produire parce que les gens craignent que des choses mystérieuses nagent dans
leur tête et de les laisser là," a-t-il déclaré.
D'autres scientifiques sont sceptiques quant au fait que les nanorobots
cérébraux seront sûrs et efficaces de sitôt ou pas du tout, en grande partie en
raison du peu de connaissances que nous avons actuellement sur le fonctionnement
du cerveau. L'un de ces scientifiques est David Linden, professeur de
neurosciences à la Johns Hopkins University School of Medicine, qui pense que le
moment où Kurzweil a estimé que les nanobots seront dans notre cerveau dans les
années 2030 est prématuré. Linden dit qu'il existe d'énormes obstacles, tels que
l'ajout d'une source d'alimentation nanobot, l'évitement des cellules qui
attaquent les corps étrangers et la prévention de l'endommagement des protéines
et des sucres dans les minuscules espaces entre les cellules cérébrales.
Bien que la science soit loin d'être appliquée au cerveau, la nanotechnologie a
longtemps été annoncée comme ayant le potentiel de changer la donne en médecine,
et la recherche progresse. L'année dernière, des chercheurs ont injecté à des
cafards vivants des nanobots d'ADN capables de suivre des instructions
spécifiques, y compris la distribution de médicaments, et cette année, des
nanobots ont été injectés dans la muqueuse de l'estomac de souris.
Et nous apprenons à améliorer notre cerveau, mais pas avec des nanobots. Des
chercheurs ont déjà réussi à envoyer un message d'un cerveau humain à un autre,
en stimulant les cerveaux de l'extérieur par induction électromagnétique. Dans
une autre étude, une stimulation cérébrale similaire a permis aux gens
d'apprendre les mathématiques plus rapidement. Et dans une récente étude du
gouvernement américain, quelques dizaines de personnes qui ont reçu des implants
cérébraux qui ont délivré des chocs ciblés à leur cerveau ont obtenu de
meilleurs résultats aux tests de mémoire.
Nous implantons déjà des puces cérébrales à des milliers d'humains, comme les
patients atteints de la maladie de Parkinson qui ont une puce cérébrale qui
permet un meilleur contrôle moteur et les personnes sourdes qui ont un implant
cochléaire, qui permet d'entendre. Mais lorsqu'il s'agit d'améliorer des
cerveaux sans handicap et à des fins non médicales, des problèmes d'éthique et
de sécurité se posent. Et selon un sondage de l'année dernière, 72 % des
Américains ne sont pas intéressés par un implant cérébral qui pourrait améliorer
la mémoire ou la capacité mentale.
Pourtant, certains pensent que l'amélioration des cerveaux sains est inévitable,
notamment Christof Koch, directeur scientifique de l'Allen Institute for Brain
Science ("Institut Allen Pour La Science du Cerveau"), et Gary Marcus,
professeur de psychologie à l'Université de New York. Ils utilisent l'analogie
des implants mammaires - la chirurgie mammaire a été développée pour la
reconstruction post-mastectomie et la correction des malformations congénitales,
mais est depuis devenue populaire pour l'augmentation mammaire. Les implants
cérébraux pourraient suivre le même chemin, disent-ils.
Voici les réponses de Kurzweil à quelques-unes des questions qu'il a posées lors
de la discussion de l'Université Singularity :
Vous avez prédit qu'en 2029, nous atteindrons la singularité - le point auquel
l'intelligence artificielle dépasse l'intelligence humaine. Vos remarques
liminaires suggèrent que vous êtes fondamentalement positif à propos de l'IA
("Intelligence Artificielle") dans le monde post-2029. D'autres intervenants ont
été un peu plus ambivalents, certainement en ce qui concerne l'avenir de
l'emploi. Pourriez-vous développer votre sentiment général sur le monde
post-2029 ?
En fait, j'ai écrit d'avantage sur les dangers de l'IA plus que la plupart. Mais
je suis également optimiste, après avoir examiné l'impact positif que la
technologie a eu sur la vie humaine.
En ce qui concerne la menace existentielle de l'IA, la stratégie principale
vient de la gouvernance et des systèmes sociaux. Nous aurons des conflits entre
différents groupes d'humains, chacun amélioré par l'IA. Nous avons cela
aujourd'hui avec des humains utilisant des armes intelligentes. Le meilleur
outil dont nous disposons pour lutter contre cela est de continuer à travailler
sur notre démocratie, notre liberté et notre respect mutuel.
En ce qui concerne le chômage potentiel causé par l'IA, nous pouvons toujours
voir clairement les emplois qui disparaissent. Cela a commencé il y a 200 ans
dans l'industrie textile en Angleterre. Les tisserands, qui bénéficiaient d'un
modèle d'entreprise transmis depuis des siècles, perdaient soudainement leur
emploi au profit de machines capables de filer du fil ou de tisser du tissu.
Vous pouviez considérer presque tous les types d'emplois, et il n'a pas fallut
longtemps avant qu'ils ne soient automatisés. La réalité, c'est que l'emploi a
augmenté et que la prospérité a augmenté. L'homme ou la femme ordinaire, plutôt
que d'avoir une seule chemise, pourrait désormais avoir une garde-robe entière.
La vie est devenue meilleure et il y avait en fait plus d'emplois.
Nous détruisons des emplois au bas de l'échelle des compétences et créons de
nouveaux emplois au sommet. Nous avons investi davantage dans l'éducation aux
États-Unis au cours du siècle dernier. Nous avons considérablement augmenté
l'investissement par habitant dans l'éducation de la maternelle à la 12e année.
Nous avions 50 000 étudiants en 1870; nous en avons aujourd'hui largement plus.
C'est une situation politique difficile parce que les gens voient les emplois
qui disparaissent, et c'est douloureux. Vous dites : "Eh bien, mais il y aura de
nouveaux emplois," et les gens disent : "Quels nouveaux emplois ?" Et vous dites
: "Eh bien, je ne sais pas; ils n'ont pas encore été inventés." C'est une sorte
d'argument faible. Mais c'est vrai.
Nous créons également des emplois qui montent dans la hiérarchie de Maslow afin
que nous puissions passer plus de temps à faire des choses qui nous procurent
une gratification. Il y a un siècle, les gens étaient pour la plupart heureux
s'ils pouvaient avoir un travail et subvenir aux besoins de leur famille.
Aujourd'hui, de plus en plus, les gens sont gratifiés de ce qu'ils font. Ils
recherchent une carrière qui réponde à leur passion - beaucoup de gens
poursuivent des idées entrepreneuriales. Nous avons 20 millions d'étudiants et
un nombre égal de personnes qui leur enseignent et soutiennent cette
infrastructure, le tout pour réfléchir au savoir et organiser le savoir. Ce
n'est pas quelque chose que les gens ont passé beaucoup de temps à faire il y a
un siècle ou deux - nous allons continuer à avancer dans cette direction. Dans
les années 2030, nous pourrons envoyer des nanobots dans le cerveau des vivants
et extraire les souvenirs des personnes décédées.
La plupart des choses deviennent des technologies de l'information, y compris
les vêtements, qui seront imprimés sur des imprimantes 3D. Nous pourrons faire
pousser des aliments dans l'agriculture verticale et les imprimer sur des
imprimantes 3D, qui couteront quelques centimes pour des kilos. Dans les années
2020, les conceptions d'impression 3D seront open source ("Source ouverte") et
gratuites afin que vous puissiez vivre extrêmement bien et imprimer tout ce dont
vous avez besoin, y compris l'impression de maisons.
Les gens disent : "Génial, il y a toutes ces industries, comme la mode et la
construction. Mais regardez les industries qui sont déjà passées des produits
physiques aux produits numériques, comme la musique, les films et les livres. Il
existe un marché open source avec des millions de produits gratuits, mais les
gens dépensent toujours de l'argent pour lire Harry Potter, voir le dernier
blockbuster et acheter la musique de leur artiste préféré. Alimenté par la
facilité de distribution et de promotion, vous avez une coexistence d'un marché
open source libre et d'un marché propriétaire. C'est dans cette direction que
nous allons.
Je ne peux pas décrire exactement ce que seront les nouveaux emplois, mais ils
seront plus gratifiants. Nous redéfinissons déjà la nature du travail. Je n'ai
pas l'impression de travailler quand je vais sur Google parce que je fais ce qui
me passionne. Beaucoup de gens aujourd'hui n'aiment pas leur travail. Alors
pourquoi les gens sont-ils si contrariés si ces emplois disparaissent ? Nous
avons créé une société où vous avez besoin d'un emploi pour gagner votre vie.
Mais cela va être redéfini. Nous allons avoir les moyens d'offrir facilement à
tous un niveau de vie extrêmement élevé d'ici 15 à 20 ans.
Dans le documentaire sur vous-même, vous vous préparez à transcender votre mort.
Comment expliquez-vous votre théorie de l'immortalité ?
Dans le film "Transcendent Man," je parle de ramener mon père, Frederick
Kurzweil. J'écris un livre maintenant intitulé The Singularity Is Nearer ("La
Singularité Est Plus Proche"), et je parle de ce concept de réplicant, où l'on
ramène quelqu'un qui est décédé. Il passera par plusieurs étapes différentes.
Tout d'abord, nous allons créer un avatar basé sur les e-mails, les SMS, les
lettres, la vidéo, l'audio et les souvenirs de la personne. Disons qu'en 2025,
ce sera un peu réaliste mais pas vraiment pareil. Mais certaines personnes ont
en fait intérêt à ramener une réplique irréaliste de quelqu'un qu'elles aimaient.
D'ici les années 2030, les IA pourront créer des avatars qui sembleront très
proches d'un humain ayant réellement vécu. Nous pouvons prendre en considération
leur ADN. Dans les années 2030, nous pourrons envoyer des nanobots dans le
cerveau des vivants et extraire les souvenirs des personnes décédées. Ensuite,
vous pouvez vraiment les rendre très réalistes.
J'ai collecté et conservé de nombreuses boîtes contenant des informations sur
mon père. J'ai ses lettres, sa musique, ses films 8mm et mes souvenirs qui
s'estompent de lui. Il sera possible de créer un avatar très réaliste dans un
environnement virtuel ou en réalité augmentée. Lorsque vous interagissez
physiquement avec un avatar, il passera finalement un test de Turing de
Frederick Kurzweil, ce qui signifie qu'il sera impossible de le distinguer de
nos souvenirs du vrai Frederick Kurzweil.
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